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      /  Chroniques du Temps   /  15 – Le temps des uns et celui des autres

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    Illustration Prune Cirelli

    15 – Le temps des uns et celui des autres

    Textes : Laurent Cirelli
    Illustrations : Prune Cirelli

    L’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire.

    Nicolas SARKOZY 


    Il fut un temps, déjà lointain, où mes pas me menaient presque naturellement sur un continent qu’on dit encore prosaïquement «en voie de développement » ou, de façon plus politiquement correcte, « émergent ».

    Car il fut une époque où j’allais souvent ailleurs pour voir si j’y étais, toujours revenant sans m’être trouvé… je ne jouais pas encore la montre et prenais mon temps… 

    Ce temps ne dura pas et bien assez vite vint celui de ne plus le « dilapider ». Je perdis donc de vue l’essentiel pour mieux me concentrer sur le superflu rejoignant en cela la majorité de mes contemporains. Et c’est ainsi que je vois passer les années dans « ce vieux pays » célébré à l’ONU par un ancien ministre qui – la boucle (déployante) est bouclée – fut aussi l’ennemi juré d’un ancien Président de la République portant à l’occasion (plus que de raison) des garde-temps d’une marque vantée par un « fameux » publicitaire (et ami – le fermoir est fermé – de celui-ci) comme étant le signe définitif de la réussite pour autant qu’on s’en approprie l’un des modèles avant d’être âgé de cinquante ans.

    Un ancien Président de la République disais-je qui justement – le poignet certainement couronné d’un de ces chronographes peu discrets – vint annoncer très simplement à tout un continent qu’il était en retard d’un voire de deux métro ! Mais de quelle histoire parle-t-on ? De quel temps ? S’est-il trouvé quelqu’un à Dakar ce jour-là pour lui lancer : « Hé mon ptit ! Tu as peut-être la Rolex Daytona (or blanc) au poignet mais nous nous avons le Temps ! » ?! Et est-ce le bien trop sophistiqué garde-temps montré-là qui portait la parole ou bien les mots qui, entrainés par le chronographe, se sont envolés comme les secondes? Trop vite donc.

    Car pendant qu’au nord nous nous échinons encore et toujours à inventer toutes sortes de complications et « hautes complications » – Royal Oak « Quantième Perpétuel Semainier et Lune Astronomique » chez Audemars Piguet, « Rotonde Astromystérieux » de Cartier, « Excalibur Automatique Squelette Carbone » chez Dubuis… -, à élucubrer toutes sortes de propositions horlogères – « déstructuration de la lecture de l’heure », « affichage hydraulique », « heure sautante » (sic) – pendant ce temps-là donc l’Afrique s’efforce elle de continuer le grand dessein de l’homme, celui-là même que l’occident a cru accomplir avec l’invention de l’IPhone et autres AppleWatch s’éloignant toujours un peu plus de l’indispensable pour mieux tendre vers l’inutile et le vain.

    L’Afrique oui ne compte pas ses heures pour préserver ce qu’il nous reste de lenteur et donc de grâce, celle-là même qui pourrait bien devenir le sens ultime du mot liberté. 

    Et c’est ainsi qu’un homme d’Etat particulièrement inculte et toujours (trop) pressé entendit faire la leçon à tout un continent riche à millions de traditions et donc d’un archaïsme dont ceux-là qui président aujourd’hui aux destinées de l’horlogerie en général et de la marque qui habillait son poignet ce jour-là en particulier seraient bien inspirés de… s’inspirer et d’ainsi revenir chacun à leurs fondamentaux. Car je l’écrivais déjà dans cette même chronique – il faut croire que la question me taraude – je ne suis pas certain que cette course à la technologie – oui je sais… l’éternelle lutte de l’homme avec Chronos – ne finisse pas par devenir un « contre la montre » qui nous mènera dans le décor… Encore un effort messieurs les horlogers ! Prenez toutes les heures qu’il faudra pour réinventer simplement la tradition, qui n’est rien d’autre que la maîtrise du temps. 

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