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      /  Chroniques du Temps   /  1 – Quelques correspondances sur le temps

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    Illustration Prune Cirelli

    1 – Quelques correspondances sur le temps

    Textes : Laurent Cirelli
    Illustrations : Prune Cirelli

    « Prends ton temps », « Tu perds ton temps », « Gagne du temps ! »… notre existence entière est rythmée par ces conseils, critiques, avis au mieux bienveillants au pire impérieux qui résonnent comme autant de contraintes et sont omni présents dans nos vies pressées…

    L’homme pressé, justement, c’est celui qui dans le roman éponyme de Paul Morand ne peut attendre, patienter et se consume à force de précipiter le temps, de l’accélérer dans une course folle qui le mène au pire… à « tombeau ouvert ».

    Et c’est bien d’une course que Jacques-Henri Lartigue a fait la parfaite allégorie du temps… qui passe: sur cette photo prise en 1912 la vitesse d’une Delage courbe le présent – hommes, poteaux télégraphiques – et le penche inexorablement vers le passé en s’élançant vers le futur. Le photographe, dont l’œuvre à venir est un hymne bienveillant à la vie, veut il nous rappeler qu’il faut se dépêcher de vivre ? 

    Alors vivre, n’est-ce pas seulement « jouer la montre » comme si le temps était une partie dont la mort sonnerait la fin… ? Et porter une montre… n’est-ce pas la vaine tentative de maîtriser les heures, de les domestiquer en les retenant par la main si proche du poignet ? Une gageure… mais qui pousse l’horloger à accomplir des miracles.

    Les montres… « complications », « tourbillons » sont alors autant d’applications du génie humain résolument tournées vers la bataille que nous menons contre les minutes qui filent, certainement aussi la plus belle façon qui soit de la perdre.

    Le temps perdu: est-ce un hasard si la plus belle œuvre littéraire qui fut jamais écrite s’attelle à sa recherche, s’attache à fixer les heures qui font une vie, à en ralentir la marche… assez pour que le lecteur puisse contempler la condition humaine dans le sens des aiguilles d’une montre et comprendre que rien ne dure ?

    Mais si rien ne dure alors pourquoi tant d’efforts jetés dans la poursuite de la perfection par les Patek, Breguet et autres Journe ? Certainement pour la beauté du geste… non ?

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